BIO

Kama La Mackerel est un·e écrivain·e multilingue, artiste visuel·le, performeur·e, éducateur·ice et traducteur·ice littéraire mauricienne-canadienne qui croit en l’amour, la justice et l’émancipation individuelle et collective. Sa pratique brouille les frontières des pratiques artistiques traditionnelles afin de créer des espaces esthétiques d’où des vocabulaires décoloniaux et queer/trans peuvent émerger. À la fois narratologique et théorique, personnel et politique, sa méthode interdisciplinaire, développée au cours des 10 dernières années, est ancrée dans le rituel, la méditation, les modalités de guérison ancestrale, l’auto-ethnographie, l’histoire orale, la recherche d’archives et la médiation en arts communautaires.

Kama croit fort que les pratiques artistiques et culturelles ont le pouvoir de façonner la résilience, d’êtres guérisseuses et d’agir comme des formes de résistance au statu quo. Avec un engagement aigu envers les récits océaniques, la souveraineté des îles, la poétique transgenre et le passé spirituel queer/trans, son corpus remet en question les notions coloniales de l’espace-temps en lien avec l’histoire, le pouvoir, le langage, le corps et la formation du sujet.

Faisant du théâtre depuis l’âge de 15 ans, Kama a immigré en Inde à l’âge de 18 ans et a obtenu un baccalauréat en littérature anglaise et en cultural studies à l’Université de Pune. Au courant de cette même période, iel a suivi une formation en danse contemporaine et en Kathak sous le mentorat de Pt. Nandkishore Kapote. En 2008, Kama a déménagé au Canada, où iel a obtenu une maîtrise en Theory Culture and Politics à l’Université Trent tout en continuant sa formation en théâtre physique avec le Théâtre Korzenie.

Kama est arrivé·e à Tio’tia:ke (Montréal) en 2012, où iel a depuis développé une pratique artistique communautaire multi-disciplinaire. Créateur·ice et animateur·ice de GENDER B(L)ENDER: queer open stage (2013-18), Kama a mis sur pied l’un des piliers majeurs de la scène de performance queer montréalaise, où en l’espace de 5 ans, iel a présenté plus de 650 performances de plus de 300 artistes et collectifs de Montréal et d’ailleurs. Iel a également organisé et animé The Self-Love Cabaret: l’amour se conjugue à la première personne (2012-22), résistance//résidence (2012), Home Invasion: Queers Shaking the foundations of all White Houses (2015), Contemporary Poetics of Trans Women of Colour Artists (2016-18), SPEAK B(L)ACK: a Black History Month Spoken Word Show (2016-19) et Voix et Résiliences (2019). En 2016, Kama a été reconnu·e par CBC/Radio Canada comme étant parmi l’un·e des 9 artistes dont le travail fait une différence au Canada.

En 2012, aux côtés de l’artiste et illustrateur·ice Elisha Lim, Kama a co-fondé 2-qtbipocmontreal, un collectif d’arts visant à visibiliser les pratiques artistiques d’artistes queer et trans à Montréal. 2-qtbipocmontreal a plus tard été renommé Festival Qouleur, qui s’est tenu de 2013-16. Kama a été mentor·e au sein du AMY Project (Artists Mentoring Youth) à Toronto depuis 2017, et iel était également directeur·trice artistique du Performance Poetry Program for Trans Women and Femmes du AMY Project (2017-20). Au printemps 2017, aux côtés de Nikki Shaffeeulah et Aliyah Jamal, Kama a participé à la conception et à l’organisation de Parallel Tracks, un programme de formation national en médiation d’arts communautaires pour des artistes racisé·e·s. Entre 2017-19, Kama a conçu et dirigé Nos corps, nos histoires: un programme de mentorat en écriture et en performance pour des jeunes queer, trans, racisé·es et autochton·nes, en collaboration avec Projet 10; Iel a encadré plus de 40 artistes émergent·e·s de 18 et 25 ans. 

Kama a été récipiendaire de plusieurs résidences pour approfondir sa démarche et ses recherches, notamment au Robert’s Street Social Centre à Halifax (2015); l’Initiative P. Lantz pour l’excellence en éducation et en arts à Université McGill (206-17); le programme Alliance du MAI, Montréal, Arts Interculturels (2018-20); la résidence SummerWorks Lab à Toronto (2020); la résidence Incandescences dans les archives éducatives à la Fondation PHI, Montréal (2021) et la résidence de recherche-création Salon 58, Mandoline Hybride, Gaspésie (2022). Iel a également été l’écrivain·e critique invité·e à DARE-DARE, Montréal sur le sujet de la traduction en 2021-22 et le·a penseur·e critique sur la décolonialité à l’Espace Perreault, Montréal en 2021-23.

Kama a publié son premier recueil de poésie, ZOM-FAM (Metonymy Press) en 2020. Le livre a reçu des critiques élogieuses dans plusieurs média dont Brown Girl Magazine, Arc Poetry Magazine, Xtra, CBC Arts, Canthius, entre autres. World Literature Today en parlé comme “un jalon historique dans la littérature mauricienne.” ZOM-FAM fut nommé un CBC Best Poetry Book et un Globe and Mail Best Debut, en plus d’avoir été finaliste au Quebec Writers Federation Concordia University First Book Prize et au Writers’ Trust of Canada Dayne Ogilvie Prize for Emerging LGBTQ2S+ Writers. Kama a aussi gagné le Prix Auteur·ice de l’année au Gala Dynastie pour ZOM-FAM

Kama a publié des textes littéraires en anglais, en français et en kréol dans des revues littéraires telles que Lettres Québécoises, Mœbius, Ellipse Magazine, Canadian Theatre Review, Carte Blanche, ainsi que dans les anthologies Glitter & Grit: Queer Performance from the Heels on Wheels Femme Galaxy (Publication Studio), We Mark Your Memory: writings from descendants of indenture (University of London and Commonwealth Writers), Self-Care (Hamac) et 11 brefs essais queer (Hamac).

Parmi ses traductions littéraires, on compte les albums jeunesse de Kai Cheng Thom L’enfant de fourrure, de plumes, d’écailles, de feuilles et de paillettes et Pour Laïka: La chienne qui a rencontré les étoiles (tous deux parus aux Éditions Dent-de-lion) et le roman de Kai Cheng Thom Fèms magnifiques et dangereuses: Mémoires affabulés d’une fille trans (Éditions XYZ). Iel a également co-traduit l’essai de Vivek Shraya J’ai peur des hommes, (Éditions du Remue-ménage) et le recueil de nouvelles Les Enragé·es de Valérie Bah (The Rage Letters, Metonymy Press).

Kama a été présenté sont travail en arts visuels et en performance à Montréal dans des lieux tels que le Musée des beaux-arts de Montréal, La Centrale Galerie Powerhouse, articule, MAI (Montréal, Arts Interculturels), La Fonderie Darling, Le Monument National, Studio 303, Studio XX, l’Université McGill, l’Université Concordia, l’UQAM, et ainsi que dans des festivals tels que MOMENTA, Biennale de l’image, Af-flux: Biennale transnationale noire, Off the Page, Sisters in Motion, Festival Phénomena, Festival SOIR, HTMlles, Qouleur et le Festival AccèsAsie.

À l’échelle nationale, iel a performé et a exposé un peu partout au Canada, notamment au Buddies in Bad Times Theatre (Toronto), au Khyber Centre for the Arts (Halifax), à la Carleton University Art Gallery (Ottawa), au Verses Festival of Words (Vancouver), à La Maison de la Littérature (Québec), La Galerie Sans Nom (Moncton) et au Mois de l’histoire des Noir·es de Winnipeg.

À l’internationale, iel a présenté leur travail dans des lieux artistiques, culturels et universitaires tels que le Point of Order Gallery (Johannesburg), Cooper Union Gallery (New York), Burlington City Arts (Burlington), Yale University (New Haven), The Hackney Attick (Londres), The School for New Dance Performance (Amsterdam), le Schwules Museum (Berlin) et la Galerie Confluences (Paris).

En 2021, Kama a été décerné·e le Prix Joseph S. Stauffer du Conseil des Arts du Canada pour les artistes émergent·es et à mi-carrière en Arts Visuels et en 2023, iel présentra son exposition solo Who Sings the Queer Island Body? à la Galerie McClure, au  Centre des Arts Visuels à Montréal.

Kama est né·e à Maurice, dans une famille métissée créole (afro-descendante) et tamoule, venant d’une lignée d’esclaves et de travailleur·es engagé·es. Ayant grandi à l’interstice de deux ethnies, deux religions et trois langues, et étant « zom-fam » (c’est-à-dire homme-femme ou transgenre), Kama occupe multiples espaces hybrides, voyageant à travers corps, cultures, territoires et  langues, à la recherche d’un chez-soi propre à ses multiples identités.